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"Picasso, l’homme qui croquait les femmes"

Avec Olga et les enfants

La vie de Picasso est aussi une collection de conquêtes : Fernande, Eva, Olga, Marie-Thérèse, Dora, Françoise, Geneviève, Jacqueline. Il connut ainsi huit femme dont Olga Khoklova et Jacqueline roque qu’il épousa, auxquelles on peut ajouter d'autres qui ont sans doute moins compté comme Elizabeth (Lee) Miller (1907-1977), Nusch Eluard (1906-1946) ou Lydia Corbett (Sylvette David née en 1934).

1- Fernande Olivier : 1881-1966, 7 ans de vie commune de 1904 à 1912

Un soir, il rencontre le regard d’une femme qui porte un magnifique chapeau, Fernande Bellavallée. Elle fréquente le Bateau-Lavoir car sa sœur est la maîtresse du peintre Othon Friesz. C’est le coup de foudre et dès le lendemain, ils font une entrée remarquée au Lapin agile. On peut la voir représentée dans des tableaux comme ses différents Portrait de 1905 à 1908 ou Fernande à la mantille noire en 1905-1906

Fernande Olivier                                                                        Portrait 1909

2- Marcelle Humbert, connue aussi sous le nom de Eva Gouel, 1895-1915, 5 ans de vie commune de 1912 à 1917

Picasso se console de ses difficultés familiales avec celle qui est alors la fiancée du peintre Louis Marcoussis. Petite et frêle jeune femme, il la surnomme « Ma jolie » titre d’une chanson à la mode. Dans ses tableaux cubistes, elle prend souvent la forme d’une guitare par exemple dans Guitar "I love Eva" en 1912. Dans la femme assise dans un fauteuil, son doux visage apparaît comme une fente verticale dont les tons mauves et rose violacés évoquent un sexe féminin. Elle est aussi prétexte à des tableaux cubistes comme Femme en chemise dans un fauteuil en 1913 ou La joie l’année suivante. Mais elle contracte la fièvre typhoïde dont elle décède à la fin de l’année 1915.

     Marcelle Humbert en 1910                         Portrait en 1915              Eva "Ma jolie" 1911

3- Olga Khoklova (1891-1955) sa première épouse, 10 ans de vie commune de 1917 à 1927

Elle est fille d’un colonel russe et a dix ans de moins que lui. Son ami le danseur Diaghilev le met en garde : « Fais gaffe, une russe, on l’épouse. » Et effectivement, le mariage se déroule à l’été 1918 dans l’église orthodoxe de la rue Daru avec pour témoins Max Jacob et Guillaume Apollinaire. Les tableaux qui la représentent sont d’une facture plus classique, (Olga à la mantille en 1921) où toute trace de cubisme a disparu, montrent l’évolution du maître vers une période plus sereine avec ce tableau où on la voit avec son fils Paulo née en 1921. Les photos de l’époque montrent aussi que Picasso a trouvé un bon équilibre comme celle où ils sont toux deux assis, elle avec un chapeau noir à larges bords et une robe seyante aux bandes horizontales blanches et noires ou encore vers 1920, elle  avec une robe à larges pans et lui en costume trois pièce, gibus et canne.

Picasso et Olga                                             Portraits d'Olga en 1917 et en 1921

4- Marie-Thérèse Walter (1909-1977), 9 ans de vie commune de 1927 à 1936

Picasso est volage et quand, passant devant les Galeries Lafayette en janvier 1927, il croise le doux regard gris-bleu de Marie-Thérèse, il la drague carrément en lui disant : « Mademoiselle, je voudrais faire votre portrait. Je suis Picasso. »   Elle n’a que 17 ans, vit avec sa mère à Maison-Alfort et tombe sous le charme du bel hidalgo. Marie-Thérèse refusera toujours qu’il divorce pour elle, se verront en secret et auront un enfant Maya née en 1935, qu’il ne reconnaîtra pas. Sa peinture prendra un style plus épuré, parfois près de la caricature comme la Femme assise près d’une fenêtre, portrait de Marie-Thérèse Walter en 1932, des madones à la tête renversée, des femmes qui se dédoublent dans une recherche de synthèse de ses styles antérieurs.

Picasso et Marie-Thérèse                                    Portraits  de Marie-Thérèse en 1932 et 1937

5- Dora Maar (de son vrai nom Henriette Theodora Markovitch, 1907-1997), 8 ans de vie commune de 1936 à 1944

Cette photographe intelligente, qui parle couramment l’espagnol, pose pour lui, la représenter avec des formes torturées, en femme tragique et mystérieuse. Pendant un temps, c’est un ménage à trois qui s’organise, le jeudi et le dimanche pour Marie-Thérèse et Maya, le reste pour Dora. Il les emmènera en vacances toutes les deux à Royan en 1939.  Entre temps, Olga a déménagé et est partie avec son fils, refusant toute idée de divorce. Il revient à un style plus cubiste où les formes se croisent, où le visage des femmes se dédouble comme dans Dora Maar au chat, La femme qui pleure et Portrait de Dora Maar en 1937, Femme assise dans un jardin l’année suivant.

De celle qu'il peindra comme La femme qui pleure au chapeau rouge, il dira : « Toi Dora tu es comme l’art, tu es la fille de la douleur et de la tristesse. Tu n’es pas laide, tu es la femme qui pleure, j’aime ta souffrance et je la peins. »

Picasso et Dora    Dora au chandail jaune 1939       Dora, la femme qui pleure au chapeau rouge 1937

6- Élizabeth Lee Miller (1907-1977) - 1944-1945

Cette photographe américaine née près de New-York et mettra au point avec Man Ray la technique de la solarisation. C'est en participant à l'aventure surréaliste avec Paul Éluard, Jean Cocteau ou Gertrude Stein qu'elle fera la connaissance de Picasso.

7- Françoise Gilot (née en 1921), 7 ans de vie commune de 1945 à 1951

C’est l’acteur Alain Cuny qui présente à Picasso une charmante brunette de 21 ans (lui qui en a 62) qui veut devenir peintre. Une aubaine semble-il, qui pourtant garde ses distances, a un caractère assez indépendant qui exaspère Picasso qui lui dit un jour : « Vous allez jurer maintenant de m’aimer toujours. » Ils auront deux enfants, Claude en 1947 puis Paloma en souvenir de la colombe de la paix que son père a réalisé pour l’ONU. Il l’a croque d’un coup de crayon en 1946 ou son doux visage émergeant d’une chevelure luxuriante mais on la voit sur une photo de cette époque, les cheveux tirés en arrière.

Picasso et Françoise                      Portrait de Françoise 1946      photo & Portraits de Françoise

8- Geneviève Laporte (1927-2012), 2 ans de vie commune de 1951 à 1953

Ils se sont connus à la Libération en octobre 1944. Elle est alors toute jeunette et ils parlent littérature. Puis elle part aux États-Unis mais quand elle revient sept ans plus tard, ils se revoient, bref amour où il crayonnera beaucoup de nus de sa belle.

9- Sylvette David (née en 1934), 1954 (Lydia Corbett de son nom de femme)

Cette parisienne de naissance est issue d'un milieu artistique e elle a vingt ans quand ils se rencontrent en 1954 à Vallauris et le suit après sa séparation d'avec Françoise Gilot. Il la prendra comme modèle pour "le cycle Sylvette", des céramiques et  une série de sculptures en métal, "Les têtes de Sylvette".

(voir aussi des photos et une galerie de portraits de Picasso et Sylvette David)

10- Jacqueline Roque (1926-1986), sa seconde épouse,  20 ans de vie commune de 1953 à 1973

C’est une belle brune de 27 ans, divorcée et mère d’une fille Catherine, qui séduit ce grand séducteur de 72 ans. Ils vivent retirés sur la Côte-d’Azur et se marient huit ans plus tard en 1961. Il est toujours le même, si ce n’est la célèbre mèche de cheveux devant les yeux, qui a disparu. Son style a tendance à se stabiliser dans des portraits de Jacqueline épurés, aux formes appuyées et souvent très colorés.

Il meurt à 92 ans dans sa propriété de Mougins, lui qui disait que dans la vie « il est beaucoup plus facile de commencer que de s’arrêter. » La mort rôde aussi dans son entourage puisque Paulo mourra encore jeune d’une cirrhose, son fils Pablito tentera de se suicider, ce que réussiront Marie-Thérèse Walter et Jacqueline Roque.

La valse des muses et Galerie de portraits

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