Textes poétiques
Hommage à Bernard Clavel
Les tilleuls de Frontenay
Il n’était pas « l’homme qui marchait dans sa tête »
Lui qui a sillonné ses « terres de mémoire »
Dans tous les sens, jouant les « hercules de foire »
Dans sa jeunesse, avait oublié la fête.
Lui « écrivait dans sa tête » comme il disait,
Des images qui naissaient et qui lui venaient
Quand, perdu dans la solitude, il écrivait
Toujours concentré, quand le silence régnait ;
Mais depuis lors, tous les mots se prenaient au piège,
S’effaçaient à jamais comme « un écrit sur la neige »
Il a su peindre ce tragique de la vie
Qui très souvent accompagne ses personnages
Dans le modelé précis qui ponctue ses pages
Ciselés avec une patience infinie,
Qui disaient la suprématie de l’amitié
Sur les vils calculs et les ravages du fric,
Qui disaient la victoire de la volonté
Sur le destin et son implacable logique.
Après Les Grands Malheurs, son testament littéraire,
Il vécut alors « son grand malheur » sur cette terre
Lui, l’artisan qui sentait les mots sur le papier,
Qui portait si haut la grandeur de son métier,
Lui, le grand costaud, cette force de la nature
Vaincue finalement par l’impitoyable usure.
Il aurait bien sûr préféré finir en beauté,
Être encore et toujours celui qu’il avait été,
Luttant avec ses héros contre les éléments
Rejoignant l’humaine nature au « cœur des vivants »,
Lui qui dort si près des grands tilleuls de Frontenay
Coiffant le cimetière de leur haute futaie.
B. Clavel © M. Rougemont - Les tilleuls de Fronteny
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<<<<< Christian Broussas, Feyzin, Novembre 2013 © • cjb • © >>>>>
Je ne sais...
Un simple éclat...
Ai-je été séduit par la douceur de sa chair
Ou peut-être par l'éclat moiré de ses yeux clairs ?
Je ne sais...
Autre éclat, celui de son rire un peu fou
Pour un baiser sur sa joue ou bien dans son cou.
Ce fut sans doute l'un de ces instants magiques
Hors du temps qui s'enfuit, hors de toute logique,
Je ne sais...
Sans bien y penser, comme par inadvertance,
Comme un cadeau, un prolongement de l'enfance,
Bien au-delà d'un simple acte de foi,
Une histoire d'atomes en somme, et c'est pourquoi
Je ne sais...
Il doit suffire de peu, un regard croisé,
Une impression, une émotion partagée,
Et l'éclat reparaît, à nouveau brille,
Scintille tout au fond de la pupille,
Je ne sais...
L'amour n'est-il pas un don de soi
Qui sans fard offre sa liberté,
Qui accepte sans négocier
Le joug implacable de sa loi ?
Je ne sais...
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<<<<< Christian Broussas, Carnon-Mauguio, Septembre 2013 © • cjb • © >>>>>
Un conte de Paulo Coelho
Un homme, son cheval et son chien cheminaient sur une route. Alors qu’ils passaient près d'un arbre énorme, la foudre tomba et tous les trois périrent foudroyés. Mais l'homme ne s‘était pas rendu compte qu’in avait quitté ce monde terrestre, et continua son chemin avec ses deux animaux (parfois les morts marchent un certain temps avant d'être conscients de leur nouvelle condition…)
La route était très longue, la colline élevée, et le soleil brûlant ; ils étaient en sueur et assoiffés. Dans un virage ils virent un magnifique couloir de marbre, qui conduisait à une place pavée d'or. Le marcheur s’adressa à l'homme qui gardait l'entrée et échangea avec lui le dialogue suivant :
— Bonjour.
— Bonjour, répondit le gardien
— Comment s’appelle cet endroit si joli ?
— Ceci est le ciel.
— Oh tant mieux ! Nous sommes arrivés au Ciel, parce que nous avons très soif !
— Vous pouvez entrer et boire tant qu’il vous plaira. Et le gardien indiqua la source.
— Mais mon cheval et mon chien ont soif aussi…
— Je suis désolé, dit le gardien, mais ici on ne permet pas l'entrée aux animaux.
L'homme se leva, déçu, car il avait vraiment très soif, mais ne voulait pas être le seul à boire. Il remercia le gardien et continua son chemin. Après avoir marché un bon moment dans une côte très pentue, épuisés, ils arrivèrent tous les trois à un autre site dont l'entrée était marquée par une vieille porte qui donnait sur un chemin de terre entouré d'arbres…
À l'ombre de d'un des arbres se tenait un homme couché, la tête couverte d’un chapeau. Probablement, dormait-t-il.
— Bonjour, dit le marcheur. L’homme répondit par un geste de la tête.
— Nous avons très soif, mon cheval, mon chien et mo-même.
— Il y a une source entre ces roches, dit l'homme, en indiquant le lieu.
— Vous pouvez boire toute l'eau que vous voulez. L'homme, le cheval et le chien allèrent à la source et apaisèrent leur soif. Le marcheur retourna remercier l’homme
— Vous pouvez revenir si vous le souhaitez, lui répondit celui-ci.
— À propos, comment s’appelle ce lieu, demanda l'homme ?
— Il s’appelle CIEL.
— Le Ciel ? Mais le gardien du couloir de marbre m'a dit que c’était le Ciel là-bas !
— Ce n'était pas le Cie mais l'Enfer, répondit le gardien. Le marcheur demeura perplexe.
— Vous devriez interdire qu'ils utilisent votre nom ! Cette fausse appellation doit provoquer de grandes confusions ! fit remarquer le marcheur.
En aucune manière ! reprit l'homme. En réalité, ils nous font une grande faveur, parce que tous ceux qui sont capables d'abandonner leurs meilleurs amis restent là-bas…
N’abandonne jamais tes véritables Amis, même si cela te pose des problèmes parfois. S'ils t’ont donné leur amour et leur compagnie, tu as une dette envers eux : « Ne les abandonne jamais ».
car :
Avoir un Ami est une
Grâce
Avoir un Ami est un
Don
Conserver un Ami est
une Vertu,
Être Ton Ami
Est un Honneur…!
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Rencontres...
Douces rencontres des petits matins
Aux sourires rêveurs un peu lointains
Quand bien des gestes simples reviennent
Sans effort et lentement nous entraînent
Vers d’autres rencontres, ici ou là,
De la chambre au salon, et voilà,
La joie des tâches accomplies à deux,
De ces petits riens qui rendent heureux,
Même gestes reproduits tant de fois
Qui sont aussi naturels que ces doigts
Qui se cherchent, se croisent et se décroisent
Tendrement au rythme de nos émois.
Reste le bonheur serein d’être ensemble,
D’aller main dans la main, de marcher l’amble,
De pouvoir vivre la complicité
Qui en constitue toute la liberté.
Nulle raison patente à ce mystère
Aussi indicible que la vie sur terre,
Sinon qu’il suffit de trouver le juste ton
Et de laisser les cœurs battre à l’unisson.
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<<<<< Christian Broussas, Carnon-Mauguio, 21 septembre 2013 © • cjb • © >>>>>