Georges Conchon Le bel avenir
Né le 9 mai 1925, à Saint-Avit (Puy-de-Dôme), au sein d’une famille d’instituteurs, Georges Conchon passe une licence de philosophie net devient de 1960 à 1980 secrétaire des débats au Sénat puis journaliste, scénariste et romancier. Décédé le 29 juillet 1990, il a notamment écrit "Les Grandes Lessives " et "Les Chemins écartés" en 1953-54, "La corrida de la victoire" (prix des libraires 59), "L'état sauvage" (prix Goncourt 54), "Sept Morts sur ordonnance", "Le sucre", "La banquière", "Le bel avenir" en 1983.
Portrait de Georges Conchon
Régis Crozet était un de ces hommes qui possèdent "un bel avenir. Tous les atouts pour réussir : gagneur, gagnant, tout pour devenir futur ministre. Il avait cet air détaché « ultime et salutaire sursaut d'ironie qui lui évitait généralement de dépenser du respect à tort et à travers. » (page 249)
Avenir idyllique donc, sans ombre à l'horizon si ce n'est cette famille Crozet ancrée dans la France profonde de son époque que Georges Conchon décrit avec une précision terrible, peignant une société qui mélange trop souvent le politique et les affaires, où les familles de la bourgeoisie, grande ou petite, tire ses racines du milieu paysan d'où elle est issue, conservant les mentalités du passé.
Roman balzacien ont écrit certains critiques attirés par le côté critique sociale de l'auteur qui commence son propos par une banale histoire d'un assassinat quelque part dans le département de la Corrèze.
Monologue d'un homme en voiture, Régis Crozet, solitaire et mélancolique, qui va rendre hommage à son ami Alban Caleymane, colosse rusé et bon vivant, qui vient d'être assassiné dans sa propriété corrézienne. Seul dans sa Rover, son esprit dérive et les souvenirs affluent. D'abord, se dégage la figure tutélaire de la grand-mère, institutrice industrieuse, femme parfaite d'une intelligence redoutable qui domine la famille et impressionne l'enfant. La mère se sent plutôt coincée entre cette image idéalisée qui la déprécie et celle du grand-père Augustin, militant socialiste connu et héros de Verdun.
Régis Crozet, inquiet, constate que les événements se précipitent : en quelques heures, son ami Alban est assassiné, lui-même attaqué sur la route en se rendant à l'inhumation d'Alban, l'appartement de sa mère ainsi que l'agence Raspail de sa société immobilière, cambriolées. A croire que le hasard fait bien mal les choses... où qu'on lui en veut vraiment. Soit, on lui en veut ou on veut lui mettre les bâtons dans roues mais qui et pourquoi ? Telles sont les questions que Régis ose à peine se poser. Aucune réponse en tout cas ne lui vient spontanément à l'esprit. Pourtant, dans ces différentes actions, il n'a noté aucune violence, rien de crapuleux dans tout ça.
En tout cas, il fut sans coup férir, élu député dans la partielle de la circonscription du 11ème arrondissement parisien, "son" arrondissement... et sans autre incident qui aurait pu perturber une campagne qu'il voulut "a minima". Tout ceci semblait loin maintenant, cette vie assez plate de député lui pesa vite, bien qu'il restât un marginal à l'assemblée, un non-inscrit. Sa liaison passionnée avec Doreen Burnham fit long feu et sa femme Marylène était toujours aussi difficile à saisir, cyclothymique, malgré ses velléités d'amélioration et ses bonnes résolutions.
C’est un nom, celui de la veuve Gassereau qui le met sur la piste des magouilles immobilières d’Alban Caleymane… où sa femme la belle Marylène a prêté son nom. Mauvaise surprise. Autre mauvaise surprise : il s’avère que l’assassin d’Alban est son propre fils, venu se réfugier chez Régis, et l’information, malgré les précautions policières, a circulé. Il sent bien qu’il est victime d’une mise en quarantaine par ses collègues députés.
"Parfois limite" disait Régis en parlant de Marylène, elle avait après cette révélation largement dépassé ses limites, de celles dont on ne revient pas. Enterrement assez minable, sans grand monde comme celui d'Alban, les journalistes en plus.
Ces épreuves l'avaient convaincu de rechercher ce qu'il y a de vraiment important pour lui, la vie qu'il veut sans ces alibis que sont le pouvoir et l'argent que lui assuraient sa position. Maintenant, il peut sans regrets vivre heureux avec Doreen et leurs deux enfants à Manston, une petite ville du Connecticut.
La page du député, du notable français est définitivement tournée. Vraiment un bel avenir s'ouvre désormais à lui.
<<<<< Christian Broussas - Feyzin - 19 septembre 2013 - © • cjb • © >>>>>
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