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Bernard Clavel La Grande Patience

                    

« La Grande patience" est autobiographique à 95%, à l'exception de "La maison des autres"  autobiographique à 100%. »

                    

                                Image illustrative de l'article La Grande Patience  

 

La Grande Patience est le titre d'une série romanesque en quatre volumes que l'écrivain Bernard Clavel écrivit de 1962 à 1968, qui se déroule essentiellement en Franche-Comté mais aussi dans le sud-ouest. Il commence un peu avant la seconde guerre mondiale et couvre toute la période de la guerre jusqu'à la Libération et la mort du père.

Cette épopée comprend les ouvrages suivants :

  • Volume I : La maison des autres 1962
  • Volume II : Celui qui voulait voir la mer 1963
  • Volume III : Le cœur des vivants 1964
  • Volume IV : Les Fruits de l'hiver (prix Goncourt 1968)

Si dans "La maison des autres et "Le cœur des vivants, Julien Dubois est le personnage principal, dans les deux autres "Celui qui voulait voir la mer" et "Les fruits de l'hiver, ce sont plutôt ses parents qui sont au centre du récit.

« Lorsqu'on me demande d'évoquer le Jura, ce n'est jamais à un département que je pense, mais d'abord à une palette — ces monts d'un bleu inimitable sur quoi pèse un ciel souvent très dense, aux nuances d'une infinie richesse. Le Jura c'est cela. Cela, et puis les hommes. »

Bernard Clavel - Préface à La Grande Patience - Éditions Omnibus
  
Le cycle de La Grande Patience                                     Ses parents

La maison des autres

  • La maison des autres, c'est l'histoire de Julien Dubois qui, à quatorze ans, quitte sa ville natale de Lons-le-Saunier pour partir à Dole en apprentissage chez les Petiot qui tiennent une pâtisserie. Ses parents sont maintenant à la retraite, le père regrette son métier de boulanger et peine dans son jardin pour gagner un peu d'argent.
En 1937, les lois sociales n'ont pas encore investi le domaine du petit commerce et les apprentis souffrent en général de cette situation. Pourtant, Julien ne se plaint guère, le métier lui plaît, il se sent bien dans les odeurs du fournil, la joie d'être avec André qui lui apprend que Petiot ne sait pas faire, jusqu'à de véritables chefs-d'œuvre qu'André bichonne pour les fêtes, cette espèce d'amitié de grand frère qui les unit. Julien aime aussi les livraisons qu'il fait avec un vieux vélo, le panier sur la tête, la sensation de liberté qu'il éprouve, les premiers émois avec Hélène, la solidarité ouvrière aussi qu'il va être amené à découvrir peu à peu.
Il connaît malgré tout une vie rendue très difficile par son patron dont on dirait qu'il s'acharne sur ce gamin sans défenses mais qui va finir par trouver les ressources nécessaires pour résister et acquérir une maturité précoce faite de l'expérience vécue pendant son apprentissage. À seize ans, il va retourner chez ses parents à Lons-le-Saunier, prêt à affronter la vie mais cette expérience loin de la maison familiale, l'a aussi éloigné de ses parents.
On trouve en arrière-plan un air de Front populaire avec les chansons de Tino Rossi ou de Rina Ketty,  les films de Viviane Romance ou la boxe qu'affectionnait Clavel avec Joë Louis. « Çà doit être normal, dit Julien à son oncle, puisque les autres ne disent rien. » Mais son oncle réagit avec force à son exploitation et l'incite à rejoindre l'action syndicale. Ce que fera finalement Julien.

Celui qui voulait voir la mer

  • Celui qui voulait voir la mer, c'est le début de la seconde guerre mondiale ou plutôt l'épisode de la drôle de guerre ce 1er octobre 1939. Dans leur petite maison de Lons-le-Saunier, la mère Dubois attend son fils Julien. Elle est rassurée, il est revenu de Dole où il a fini son apprentissage et pourra désormais travailler à Lons-le-Saunier, rentrer tous les soirs à la maison ; elle l'aura pour elle. Mais rapidement, il ira à Lyon travailler dans une chocolaterie.
C'était sans compter sur les événements extérieurs qui viennent bouleverser leur vie, l'invasion du pays au mois de mai 1940, le flot des réfugiés qui s'engouffrent dans la ville et filent ensuite vers Lyon, vers le sud, le plus au sud possible. Et Julien aussi s'apprête à partir sur ces routes encombrées avec les jeunes gens de son âge.
Pour ses parents, va commencer l'anxiété, la longue attente des jours sans nouvelles, les espoirs vite déçus et les nuits blanches. L'angoisse d'une mère qui clame sa douleur, celle d'un père qui la tait, la question lancinante, « s'il ne revenait pas ? » Quel fils insouciant il est, qui n'a qu'un désir : voir la mer. Combien sont-ils ceux à qui il arrive on ne sait quoi, qui ne reviendront pas ? Ils sont d'autant plus désemparés que leur autre fils s'enrichit en faisant du "marché noir" et puis se met à fréquenter la Milice locale.
Alors, jour après jour, cette mère exemplaire, un peu possessive tente d'exorciser la fuite du temps et de faire pour s'éviter de penser : s'occuper des fuyards, des soldats paumés pour s'occuper l'esprit…
      

Le cœur de vivants

  • Dans ce troisième tome, Le cœur de vivants, Julien Dubois va tomber amoureux, une histoire d'amour avec Sylvie, qui va le marquer très profondément. L'histoire est centrée sur l'année 194, autour des thème de l'amour, de l'amitié et de la mort dans cette époque particulièrement mouvementée. Comme beaucoup de jeunes Français, Julien se pose la question : que faut-il faire, résister, partir, rester ? Lui, décide de partir, rester c'est accepter, et de rejoindre la Résistance dans un maquis du côté de chez lui, dans les montagnes du Jura où la résistance est mieux organisée.
Les termes de l'alternative sont cornéliens : s'il part, il s'éloigne, il la perd, c'est la preuve que cet amour ne résiste pas aux aléas de l'existence. Son voyage de retour à la recherche d'un maquis est très difficile dans ce pays en proie au chaos mais il va aussi rencontrer une grande amitié avec Riter, un copain qui va l'initier aux grands poètes symbolistes, lui fera lire les lettres de Van Gogh et lui permettre d'affronter les pièges du retour et les rigueurs de la Montagne noire.
« Je voulais écrire un roman où l'amour tiendrait la plus grande place, a écrit mais les morts de mes vingt ans se sont imposés à moi pour me rappeler que ce temps était celui de la mort (comme celle de son ami Carento) bien plus que celui de l'amour. »
   

Les fruits de l'hiver

  • Après ces années de guerre si difficiles qui s'achèvent enfin, ce dernier volume Les fruits de l'hiver est centré sur les parents de Julien qui vont disparaître l'un après l'autre assez rapidement. Sans nouvelles de leur fils, toujours avec le maquis, ils rongent leur frein et s'aigrissent peu à peu dans leur petite vie quotidienne centrée sur la maison et le jardin, assez indifférents au drame qui les entoure et en particulier la sanglante bataille pour le contrôle de Lons-le-Saunier.
Quand Julien revient enfin à la maison à la Libération, c'est accompagné d'une jeune femme et de l'enfant qu'elle attend. C'est trop tard pour eux, les espoirs de la période de paix qui s'annonce, il ne les connaîtront pas, ils partiront avant de connaître cette époque et l'enfant de cette nouvelle génération.
Il peint le père avec une émotion indicible, un homme qui «usait sa vie au fil du travail comme il usait sa bêche au fil des saisons à retourner toujours la même terre... puis avait pris en main le fournil et les tournées... » Il a tracé d'autres portraits de même type comme par exemple le luthier Vincendon, l'ami de la famille, Clopineau dans l'Espagnol, le père Quantin, héros de Le voyage du père, le "batteur d'eau" du Seigneur du fleuve ou le passeur de Pirates du Rhône.
Le drame sous-jacent de "La grande patience" c'est ce remords du fils de n'avoir pas été à la hauteur, cette incommunicabilité entre des êtres qui s'aiment mais ne peuvent se rejoindre, thème qu'on retrouvera aussi dans "Le silence des armes."

Bibliographie

  • La maison des autres: Éditions Robert Laffont, 09/1999, 484 pages, (ISBN 2-221-09061-6), Éditions J'ai Lu, 03/2001, 298 pages, (ISBN 2-290-00522-3)
  • Celui qui voulait voir la mer : Éditions Robert Laffont, 1969, 365 pages, Éditions Pocket, 06/1998, 298 pages, (ISBN 2-290-00522-3)
  • Le cœur des vivants : Éditions Robert Laffont, 08/1999, 352 pages, (ISBN 2221090705)
  • Les fruits de l'hiver : Éditions Robert Laffont, 1968, Éditions Pocket, 09/2004, 448 pages, (ISBN 2-266-14872-9)

    

Les lieux clavéliens : Dole (Doubs), Château-Chalon (Jura), Lons-le-Saunier, Beaume (Jura)

 

Voir aussi

<<<<< Christian Broussas, Carnon-Mauguio, 4 octobre 2013 © • cjb • © >>>>>

 



04/10/2013
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