Philippe Djian, Impuretés
Voir aussi ma fiche : Philippe Djian, "Oh..."
Référence : Philippe Djian, « Impuretés, éditions Gallimard, 236 pages
Livre déprimant dirons certains, tant les personnages semblent doués pour faire leur propre malheur comme l'écrivait le psychologue Paul Watzlawick. Des personnages plutôt privilégiés pour l'essentiel, comme Laure et Richard Trendel qui viennent de perdre leur fille Lisa dans des circonstances assez nébuleuses et dont le fils Evy ne perd jamais une occasion de leur poser problème... allant jusqu'à se mettre des tessons de bouteille dans le slip pour résister à la belle et envoutante Gaby, l'amie intime de Lisa.
Les privilégiés, ce sont ceux qui habitent dans de belles maisons sur la colline, sur les hauteurs de la ville, quelque part aux États-Unis, une vie rythmée par les cocktails souvent bien arrosés, les nombreuses réceptions, les loisirs souvent ennuyeux avec les mêmes cercles d'amis... Des riches qui se morfondent dans le douillet d'une existence insipide, pire que dans un roman de Françoise Sagan. [1]
Les adolescents de cette génération, déboussolés par le comportement des adultes qui ne font plus figure de référence, sont à leur tour pris dans cette spirale, se livrant à des jeux d'autant plus dangereux qu'ils peuvent être mortels, reculant constamment les limites du possible. Les adultes pourtant à l'origine de ces déviances, inquiets et désabusés, ne comprennent plus rien à leurs enfants, ne sachant comment réagir pour endiguer le phénomène et réguler leurs comportements. « Cette génération, se disait le narrateur, c’étaient de vrais Martiens débarquant sur une planète hostile, pas vraiment faite pour eux, pas vraiment sympathique. »
L'ouragan qui a ravagé la région a aussi englouti la belle Gaby, Evy, Anaïs, Michèle et Andréa sont toujours aussi paumés. Finalement, rien ne s'arrange aussi bien pour les adultes qui tentent désespérément de vivre ensemble que pour les adolescents qui tentent eux aussi désespérément de devenir adultes.
[1] « Elle n’était pas la seule, dans cette assistance, à faire l’expérience d’un fiasco ou d’un gâchis quelconque, d’un certain dégoût de soi-même ou d’une extrême lassitude morale – divorce, adultère, luxure, trahison, violence, mascarade, etc., constituaient le lot quotidien -, si bien qu’il existait une sorte de complicité entre les êtres (…) ».
<<<<< Christian Broussas - Divonne-les-bains - 8 septembre 2013 - © • cjb • © >>>>>>
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